#LMDCA : La meilleure dĂ©fense, c’est l’attaque !

De Bonaparte Ă  Christophe Dettinger

En cherchant un titre Ă  la prĂ©sente sĂ©rie, la punch line s’est imposĂ©e d’elle-mĂȘme : « La meilleure dĂ©fense, c’est l’attaque ! ». RĂ©pĂ©tĂ©e Ă  longueur de refrain par le rappeur #SCH, dans le titre Ă©ponyme de son dernier album #Autobahn, la sagesse populaire attribue cette phrase Ă  NapolĂ©on Bonaparte.

Le gĂ©nĂ©ral prussien Carl von Clausewitz, admirateur de l’homme de guerre et d’État français en fit l’exĂ©gĂšse dans son ouvrage inachevĂ© « De la guerre » en expliquant que la dĂ©fense Ă©tait supĂ©rieure Ă  l’attaque car le dĂ©fenseur est mieux prĂ©parĂ©, mieux informĂ© et plus mobile que son ennemi.

Il serait donc prĂ©fĂ©rable d’attaquer pour vaincre avant mĂȘme que l’adversaire ne puisse s’organiser pour lancer lui-mĂȘme une attaque. Cette phrase sonne pourtant faux car l’adversaire voire l’ennemi y est grossiĂšrement escamotĂ©. Elle fait figure d’un slogan indigne du lĂ©gendaire ego du gĂ©nĂ©ral, consul, empereur qui mit jadis l’Europe Ă  feu et Ă  sang afin de satisfaire son orgueil, sa suffisance et sa dĂ©mesure.

La phrase bravache est restĂ©e dans le langage courant mais NapolĂ©on l’a-t-il vraiment prononcĂ©e ? Au-delĂ  du slogan, il fallait trouver un personnage crĂ©dible pour le mettre en acte et incarner Ă  lui seul cette idĂ©e, que l’on ne peut rester lovĂ© dans une position de dĂ©fense Ă  voir les coups pleuvoir sans la moindre rĂ©action.

Les coups, ce sont ceux de la caste dirigeante envoyant ses milices pour neutraliser celles et ceux qui osent se rebeller contre une crise sociale dont ils se repaissent pour mieux asseoir leur pouvoir sur des individus déshumanisés, tout juste bons à leur apporter leurs juteux profits sur un plateau doré, en respirant à peine le fumet de leurs sacrifices.

Qui mieux que « le Gitan de Massy », nom de guerre acquis sur les rings par ses 18 victoires sur 23 combats pouvait personnifier

[
] « Ă  porter mille fois son poids sur lui » [
] « comme un lego avec du sang. » ? Qui mieux que ce boxeur professionnel ayant raccrochĂ© ses gants de boxe, le 6 dĂ©cembre 2013 aprĂšs un ultime combat hĂ©roĂŻque pouvait le mieux incarner « comme un lego avec des dents », le challenger dĂ©fiant « la faiblesse des tout-puissants » ?

**Cette sĂ©quence de la 50Ăšme journĂ©e de mobilisation des Gilets Jaunes du 5 janvier 2019, vue des millions de fois sur les rĂ©seaux sociaux a marquĂ© les esprits et frappĂ© l’imaginaire cauchemardesque des dĂ©cideurs. Bien que son geste intrĂ©pide et vaillant est venu marquer d’un poing d’honneur les aspirations de tous les nantis et les indigents et d’un point-virgule les certitudes des nababs et des repus de privilĂšges, Christophe s’est cru obligĂ© de justifier son mouvement aprĂšs l’hallali des chiens de garde mĂ©diatique, lĂąchĂ©s contre lui pour mieux terroriser celles et ceux qui oseraient braver la violence borgne de l’État, incarnĂ©e par les gardes mobiles que ce quasi quadragĂ©naire, ce « citoyen normal » avait fait reculer avec « la colĂšre du peuple » en [lui] sur la

pour dĂ©fendre une jeune femme malade en position fƓtale plaquĂ©e au sol sous les coups de tonfa des forces de rĂ©pression.

Dans son adresse vidĂ©o, il exposa les raisons de son geste, critiquĂ© mĂȘme par FĂ©dĂ©ration française de boxe et la Ligue nationale professionnelle idoine, dĂ©nonçant un « comportement inacceptable et honteux » de la part du boxeur, avant que celui-ci ne se constitue prisonnier auprĂšs des forces de police, le 7 janvier 2019.**